Un moineau qui chante à l’entrée d’un trou de boulin, un martinet qui s’engouffre dans la cavité d’une vieille corniche, une abeille chargée de pollen qui pénètre dans l’interstice d’un muret… Ce sont autant d’observations d’une biodiversité animale sauvage présente au plus près de nous, dans l’épaisseur des murs de nos maisons, bien souvent à notre insu.
Biodiversité urbaine
La ville, milieu anthropique par excellence, présente des intérêts non négligeables pour de nombreuses espèces animales sauvages : présence abondante de ressources alimentaires, absence de grands prédateurs, températures plus clémentes…
Avec la sédentarisation de l’être humain, les espèces animales sauvages qui nichaient autrefois dans des cavités offertes par l’environnement naturel, sur des parois rocheuses par exemple, ont investi les innombrables et insoupçonnées fissures, brèches, craquelures, anfractuosités, … qu’offrent les bâtiments et les infrastructures construites par les êtres humains, faisant de nos villes des environnements de prédilection pour certaines espèces, telles que les chauves-souris, certains oiseaux ou encore des insectes. Toutes les constructions peuvent potentiellement présenter des cavités intéressantes pour la faune en général et l’avifaune en particulier : trou de boulin, rétrécissement des boiseries au niveau des corniches ou des rives, aérat de ventilation, … Ces cavités seront plus ou moins nombreuses selon que le bâtiment est neuf ou vétuste, selon les matériaux de construction ou les types de revêtement utilisés. Moineaux, rougequeues et autres petits habitants de nos villes trouvent d’eux-mêmes l’accès à tous ces recoins et espaces vides.
Malheureusement, à Bruxelles comme dans l’ensemble des villes d’Europe, on observe depuis plusieurs décennies un très net déclin de toutes les espèces animales dépendantes du bâti. Avec une régression de 95% de sa population en Région-Bruxelloise depuis 1995, le moineau domestique (Passer domesticus) est l’oiseau commun sédentaire dont le déclin est de loin le plus marqué. Alors qu’il était omniprésent du temps de nos grands-parents, il est devenu le fer de lance de la mobilisation citoyenne en faveur de la protection des espèces aviaires dépendantes du bâti. Il en va de même pour les chauves-souris dont les populations déclinent depuis les années 1950. Les pipistrelles, par exemple, sont 20 fois moins nombreuses aujourd’hui qu’à l’époque. La destruction et/ou la transformation de leurs terrains de chasse, des cavités potentielles ainsi que le manque de nourriture constituent d’importantes menaces pour l’animal.
Habitat vivant
Lors d’opérations de rénovation d’un bâtiment, inévitablement, de nombreuses cavités sont condamnées. Tant en rénovation qu’en construction neuve, la performance énergétique des bâtiments impose des techniques d’isolation qui rendent nos maisons inhospitalières pour le monde vivant animal et hermétiques à toute forme de cohabitation avec la faune sauvage.
Comment faire pour concilier la rénovation de nos maisons et les exigences d’isolation avec la protection de la vie sauvage dépendante du bâti ?
Envie de co-habiter ?
Alors comment rénover, isoler, refaire sa corniche tout en continuant à accueillir la faune cavernicole ? Une série de solutions sont possibles, certaines très simples, d’autres plus complexes.
Pour tous les détails techniques, téléchargez notre cahier habitat vivant
L’engagement et les actions de la commune
Le service Développement Durable de la commune, situé à la MaisonEcoHuis a reçu un subside de Bruxelles-Environnement pour sensibiliser et agir concrètement en faveur de l’habitat vivant. Ce subside dure deux ans (2021 et 2022). En partenariat avec les Groupes Moineaux et Martinets, le projet veut d’une part sensibiliser les citoyens saint-gillois, les architectes, les entrepreneurs à la présence de cette faune cavernicole via un cahier des solutions techniques, et veut d’autre part agir concrètement en créant des cavités.
Notre première action concrète : l’aménagement d’une vingtaine de trous de boulin à l’Ecole 4 Saisons pour les martinets. Les corniches et le toit de l’école devant être rénovés, nous en avons profité pour analyser les trous de boulin ainsi que les caches-boulin.
Deux solutions ont été trouvées, l’idée étant de les tester toutes les deux et de voir si une fonctionne mieux que l’autre. La première est la création d’un trou d’envol dans le cache boulin même, la deuxième solution est d’entrouvrir le cache-boulin de 3,5cm. Ces deux solutions permettent aux martinets de rentrer dans la cavité, de replacer les caches-boulins (qui seront également repeint, et récrés pour ceux qui manquent). Beau projet qui allie rénovation et accueil des martinets.
Envie de s’impliquer ?
Un groupe de travail sur les questions liées à l’habitat vivant existe. Intéressé·e ? N’hésitez pas à nous contacter. Ce groupe est constitué d’architecte, d’ornithologue, de citoyen·ne·s.
Découvrez les infos fiches explicatives de Bruxelles Environnement
Aménagements pour le rougequeue noir
Gîtes pour la pipistrelle commune
Nichoirs pour le martinet noir
Moineau domestique
Plantes grimpantes : le lierre grimpant
Des habitats pour les insectes
Un éclairage raisonné, moins nuisible pour la faune
Besoin d’infos ? Contactez le Service Développement Durable – maisonecohuis@stgilles.brussels – 02/533.95.90
Découvrez le cahier habitat vivant
Photos de Martine Wauters du GT Martinets / Elisa Ruwet de la commune de Saint-Gilles.